« L’espoir nous lie les uns aux autres, ce qui n’a rien à voir avec la pitié ou la condescendance. En tant qu’êtres humains, nous avons appris à transformer nos souffrances communes en espoir pour l’avenir ».
– Nelson Mandala

C’est sur ce court texte qu’a débuté la soirée INSPIR’AIDE du 11 septembre 2013, au Centre des Congrès de Québec.

Une soirée dont l’objectif était de réunir quelques-uns des plus grands conférenciers inspirateurs, motivateurs, activateurs du Québec et de partager notre message commun d’espoir, chacun à notre façon, dans nos styles respectifs.

Le défi était de taille pour nous tous qui, habituellement, bénéficions d’environ 90 minutes à chaque fois que nous montons sur une scène pour partager notre message. Là, le message devait être livré en 12 minutes … 15 minutes pour Jean-Marc Chaput qui agissait comme président d’honneur de la soirée.

Qui plus est, le thème était commun à tous : l’espoir. Comment allions-nous capter, tour à tour, l’attention et maintenir l’intérêt des gens sans redondance.

Nous y sommes arrivés. Non sans quelques débordements dans le temps … mais comment arrêter un conférencier dans une lancée sur l’espoir?

Je partage avec vous les notes de préparation de ma conférence de 12 minutes :

Ce soir ont défilé devant vous quelques-uns des plus grands conférenciers Inspirateurs, motivateurs, activateurs, distributeurs de coups de pied au derrière – appelez nous comme vous voulez – au Québec. Mais avant tout, on s’est présenté ici comme des êtres humains, des hommes, des femmes, des pères, une mère, un grand-papa, des voisins … des amis d’une communauté touchées il y a seulement deux mois par une terrible tragédie.

Notre message, à la base, s’adresse bien sûre aux gens de Lac Mégantic mais à
vous aussi ici ce soir car comme ceux-ci l’ont si cruellement réalisé, nous sommes tous à une seconde d’une telle catastrophe dans nos vies … et d’avoir à puiser en nous ces forces cachées d’espoir et de résilience.

En parallèle avec l’organisation logistique de cette soirée, j’ai dû moi aussi faire mes devoirs et résumer en 10-12 minutes ma réflexion sur l’ESPOIR. À chaque fois que je m’y arrêtais, trois mots qui me revenaient constamment en tête : responsabilité, victimes et survivants.

Le sens des responsabilités est une de mes principales croyances. Je crois fermement que, SAUF EXCEPTIONS, ce qui nous est arrivé hier, ce qui nous arrive aujourd’hui et ce qui nous arrivera demain est, EN TRES GRANDE PARTIE, le résultat de nos pensées, de nos mots et, surtout, de nos actions. Je crois donc que nous sommes, PLUS SOUVENTQU’AUTREMENT, responsables de ce qui nous arrive dans notre vie.
Ceci dit, est-ce que ces gens qui ont perdu leur vie dans cette nuit d’enfer du 6 juillet dernier ont une part de responsabilité dans ce qui leur est arrivé ? Bien évidemment que non. RIEN de leurs pensées, de leurs paroles ou de leurs actions n’ont mené à cette fin atroce. Ils font parti de L’EXCEPTION. C’est pourquoi il porte le triste nom de victimes.

Et celles et ceux qui restent, celles et ceux qui ont perdu un père, une mère, un enfant, un frère, une sœur, un grand-papa, une grand-maman, un oncle, une tente, le voisin, un ami … ces personnes-là sont-elles responsables de toutes ces pertes de vie? Bien évidemment que non. Leurs pensées, leurs paroles ou leurs actions n’ont RIEN eu à voir, elles non plus, avec ce qui s’est passé le 6 juillet dernier. Ils font aussi parti de L’EXCEPTION. Ces gens, on les appelle les survivants.

Je vous présente un autre survivant, non pas de Lac Mégantic mais de Uralsk au Kazakhstan : Azamat Yerguélief-Yvanosovich. Suite à une grossesse difficile au sein de sa mère, Azamat vient au monde prématurément le 2 mars 2007 dans des conditions disons “rudimentaires”. Dès sa première respiration, il fut séparé de celle qui aurait dû l’accueillir dans ce monde, le sentir sur sa peau, le regarder pour la première fois dans les yeux, le protéger, le nourrir, l’aimer. Pendant 9 mois, Azamat n’a rien eu de tout ça. Il avait été abandonné. Abandonné aux soins de nourrisses qui, malgré leur bonne volonté, ne pouvaient combler ces besoins physiques et émotionnels. Malheureusement, sans que nous le sachions, 30% des enfants deviennent des victimes en se laissant tout simplement mourir suite à un tel choc. Azamat n’est pas une victime. Azamat est un survivant. D’instinct, il a survécu. Aujourd’hui, Il porte le nom de Noah. C’est mon fils et il est mon plus grand modèle de survie. Un survivant, maintenant agé de 6 ans, qui me disait il y a quelques jours en voyant un reportage à la télé sur la tragédie de Lac Mégantic « Papa, la bonne nouvelle, c’est qui reste encore plein de monde vivant! »

Noah n’a donc pas été responsable de ce choc qu’il a vécu à sa naissance. Pas
plus que les victimes et les survivants de Lac-Mégantic ne l’ont été lors de cette soirée d’enfer du samedi 6 juillet dernier.

Mais il y a une chose dont sont malgré tout responsables les survivants, et c’est la façon dont ils réagissent, dont ils réagiront à une telle tragédie. Et moi il est là mon message d’espoir. J’espère insuffler ce soir aux gens de Lac-Mégantic l’acceptation voir même l’accueil de cette responsabilité de poursuivre. Je suis d’ailleurs convaincu que si les victimes pouvaient se faire entendre, elles diraient elles aussi: “Continuez! Poursuivez cette vie qui nous a été enlevée. Vivez ce jour comme si c’était votre dernier… car un jour, vous aurez raison.”

On a tous en nous cette force cachée qui s’appelle la résilience, cette capacité de survivre, de continuer, de refonctionner normalement voir même d’être heureux à nouveau.

Noah, sans même être conscient qu’elle existait, a utilisé cette force. Sonia a utilisé cette force. Même ce grand inspirateur et communicateur de l’attitude positive qu’est le grand papa Jean-Marc Chaput a utilisé cette force quand il a perdu sa petite-fille Rose il y a 7 ans. Les gens de New York en 2001 ont utilisé cette force.

Dans 1 an, dans 5 ans, dans 10 ans, 47 cloches sonneront à Lac Mégantic et nous nous souviendrons des victimes. Jamais nous ne les oublierons. Je fais le soudait ce soir qu’une 48e cloche se fasse entendre le 6 juillet de toutes ces années à venir. Un 48e pour célébrer les survivants qui, cicatrice sur le coeur, auront décidé de poursuivre, de continuer, de vivre à la mémoire des victimes.

Nous nous sommes réunis ici ce soir pour lancer un message d’espoir aux gens de Lac Mégantic … mais la leçon, LA VRAIE LEÇON viendra d’eux, viendra de vous les survivants de Lac-Mégantic. Et au nom de tout le monde ici ce soir, nous vous remercions d’avance de cette grande leçon de vie que vous nous donnerez.

Merci aux (plus de) 700 personnes ayant assisté, de cœur, à cette merveilleuse soirée. Vous m’avez personnellement donné beaucoup d’amour. À preuve que quand on donne de l’amour, on en reçoit.

Jean

PS. Surveillez mes prochaines publications. Des coups de pied / coups de cœur qui je le souhaite vous feront réagir … ou du moins réfléchir. 

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