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Je suis un ex-intimidateur.

Je peux l’admettre aujourd’hui car j’ai pris et assumé mes responsabilités. J’ai admis l’extrême stupidité, la faiblesse et la lâcheté de mes gestes et je me suis excusé au cours des dernières années auprès de 4 des 5 personnes que j’ai retrouvées grâce à Facebook. Et, surtout, j’ai appris.  Et c’est parce que j’ai appris que je peux écrire et émettre mon opinion dans cet article.

Les journaux nous rapportent un cas d’intimidation par semaine. Josey Arsenault (FM93) et mon amie Nancy Doyon en font le sujet d’une émission une fois par mois. Denise Bombardier a consacré sa chronique du samedi 4 octobre dernier dans le Journal de Québec.  Cette peste est malheureusement devenue une coutume dans notre société.

Mais la source du problème n’est, à mon avis, pas tant l’intimidateur.  Ceux-ci existeront tant et aussi longtemps qu’il y aura des personnes à intimider.  Le problème de l’intimidation ne repose pas tant sur les intimidateurs que sur les victimes, les intimidés. L’intimidateur est un faible qui cherche des plus faibles que lui pour paraître moins faible.  Un intimidateur ne peut intimider quelqu’un qui refuse d’être une victime.  Attention!  Je ne dis pas de ne rien faire, de ne pas intervenir aussi auprès des intimidateurs.  Je dis qu’à mon avis, la source de la solution se trouve principalement auprès des intimidés.

Le recul sur ma situation personnelle m’a permis de comprendre que le problème de l’intimidation repose sur cette foutue croyance que nous avons que l’opinion des autres est importante.  La société est obsédée par les opinions des autres.  L’estime de soi sans se soucier de l’opinion des autres semble une va leur ancienne à laquelle nous n’accordons plus d’importance.  Elle est là, imprimée dans la tapisserie de notre vie, mais on ne la voit plus et n’y accordons plus d’importance.

Terry Cole-Whittaker a écrit un livre dont le titre est « Ce que tu penses de moi n’est pas de mes affaires. »  Ce livre devrait réapparaître dans la bibliothèque positionnée devant nos murs tapissés.   Apprendre à vivre avec cette philosophie, se foutre de l’approbation des autres (ça ne veut pas dire de ne jamais être à l’écoute de ceux-ci!) constitue la base sur laquelle repose notre engagement à ne pas être contrôlé et manipulé par les mots et les actions des autres.  Et l’enseignement de cette philosophie est de responsabilité parentale.

(Je le dis souvent, être parent est à la fois un privilège et une responsabilité.  Si vous n’êtes pas prêt à assumer cette responsabilité, vous ne devriez pas profiter du privilège.)

Les intimidateurs sont responsables de la méchanceté et de la cruauté de leurs paroles et gestes.  C’est clair! Ils ne sont toutefois pas responsables de la façon dont réagissent les intimidés.  Les en rendre responsables serait comme rendre responsables les compagnies de cigarettes pour votre cancer des poumons ou le barman pour le fait que vous ayez trop bu.  Nos actions et réactions sont l’expression de nos choix … et il en est de même pour les intimidés! Vous devez être (ils doivent être) en contrôle. Vous n’avez (ils n’ont) pas à laisser quelqu’un influencer vos (leurs) pensées et actions. Vous n’avez (ils n’ont) pas à être victime de quelqu’un d’autre. C’est une question de choix et de responsabilité personnelle.

Le nombre d’intimidés chutera drastiquement le jour où nos enfants cesseront d’accorder autant d’importance à ce que les autres pensent d’eux.  Ce jour où nous enseignerons à nos enfants à s’aimer et à se respecter tels qu’ils sont. (Et ça inclut de cesser de leur dire à quel point vous les croyez exceptionnels!  Ils sont exceptionnels pour … vous!  Pas pour la société.  Et ça ils s’en rendront compte au moment où ils quitteront le nid familial pour entrer dans l’arène de la vie où un paquet d’autres ex-enfants exceptionnels y batailleront pour leur monde meilleur.)

Mon point est : Il y aura toujours des intimidateurs mais l’intimidation elle, pourrait inévitablement diminuer du fait qu’il n’y ait plus de victimes à intimider.

Je suis aussi parent.  D’une grande fille de 24 ans et d’un fils de 7 ans.  Je comprends très bien le défi d’enseigner à nos enfants à ignorer les commentaires négatifs des autres. Les enfants peuvent être méchants. Et un enfant méchant peut devenir un adulte méchant.  Je croise des gens méchants et irrespectueux à tous les jours … comme vous non?  … et pas besoin de regarder très loin, il s’agit peut-être d’un proche, d’un collègue de travail, de votre patron … de votre conjoint/conjointe???  Mais est-ce que je laisse ma vie s’écrouler à chaque fois que je les croise ou qu’ils me disent ou font quelque chose de méchant à mon égard?  Bien que dans certains cas je me permette de mettre mes culottes et de les remettre à leur place, dans bien des cas il n’y a tout simplement rien à faire avec ces faibles abrutis … rien d’autre que de les ignorer en ne permettant pas d’être leur victime.

C’est une leçon que nous devons tous apprendre.

C’est une leçon que vous devez, si vous êtes parents, apprendre à vos enfants.  Sans d’aucune façon prôner la violence, je crois qu’il est plus préférable de soigner un nez qui saigne occasionnellement que de rebâtir la dignité d’un enfant.  Ne remettez pas ça uniquement entre les mains des commissions scolaires et des enseignants … il sera peut-être déjà trop tard à ce moment et vous aurez failli à votre devoir de parents.